jeudi 14 mai 2009

Des religieux modérés s'élèvent contre les taliban au Pakistan

Les chefs religieux modérés pakistanais, longtemps silencieux face à la menace islamiste, se sont engagés en faveur de l'offensive militaire contre les taliban, prévenant que les islamistes pourraient prendre le pouvoir dans le pays.

Dans ce pays de 160 millions d'habitants, la plupart des musulmans sont modérés. Le temps où la majorité silencieuse renâclait à dénoncer la menace talibane semble révolu.
"L'armée doit éliminer les taliban une bonne fois pour toutes", déclare le mufti Sarfraz Naeemi, haut dignitaire de la branche modérée Barelvi, rattachée au sunnisme. "Sinon, ils vont s'emparer de tout le pays, ce qui serait une catastrophe".

Les forces de sécurité pakistanaises ont lancé la semaine dernière une vaste offensive dans la vallée de Swat, au nord-ouest d'Islamabad, pour empêcher la progression des taliban après la volée en éclats du pacte y prévoyant un retour au calme en échange de l'instauration de la charia, la loi islamique.

Les Pakistanais soutiennent à une écrasante majorité cette offensive militaire.
Beaucoup ont été choqués de constater que les taliban, enhardis par l'accord, avaient l'intention d'imposer leur loi à travers le pays. Pour la première fois, les Pakistanais ont entrevu la possibilité que les taliban frappent à leur porte.

Naeemi explique que les Barelvis ont avant tout voulu éviter la confrontation. "Ils veulent monter les gens les uns contre les autres, c'est pour cela que nous avons gardé le silence et subi leur oppression", dit-il. "Nous ne voulons pas la guerre civile, mais, et Dieu m'en préserve, si le gouvernement échoue à les stopper, nous les affronterons nous-mêmes."

RASSEMBLEMENT DIMANCHE À ISLAMABAD

Pour la première fois au Pakistan, des manifestations anti-taliban ont eu lieu.
Les Barelvis ont par ailleurs organisé des rassemblements hostiles aux taliban en plusieurs endroits du pays et attendent quelque 5.000 dignitaires dimanche à Islamabad pour appeler à soutenir les opérations militaires dans la vallée de Swat.

"Nous soutenons les opérations militaires dans la vallée de Swat parce qu'il s'agit d'une bataille pour la survie et la défense du Pakistan", explique Sahibzada Fazal Karim, chef de file du Jamiat-e-ulema-e-Pakistan, le parti islamique modéré à l'origine de la conférence de dimanche.
Ce changement de position n'est pas dénué d'intérêts politiques, selon un analyste.
"Les hommes politiques réalisent que le pays n'a pas d'avenir si les activistes continuent à étendre leur influence", relève Talat Massot, un général à la retraite.

"Le clergé modéré se sent également menacé parce qu'il n'aurait plus aucun rôle à jouer. Donc, chacun considère sa chasse gardée. C'est dans leur propre intérêt aussi bien que dans l'intérêt du pays", a-t-il dit.

La plupart des Pakistanais sont Barelvis, une branche du soufisme, un mouvement mystique de l'islam, qui vénère les saints et leur mausolées disséminés dans le pays. De leur côté, les taliban sont fidèles à l'école de Deobandi, qui prône un retour à un islam pur, et rejettent un islam mystique.

La destruction par les taliban d'un important mausolée dans le nord-ouest du pays a choqué de nombreux Pakistanais.

Source : http://fr.reuters.com/

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