Ecrivain et militante, la Bangladaise Taslima Nasreen se fait l'avocate de la laïcité. Pas seulement dans les pays musulmans
En 1994, Taslima Nasreen, 43 ans aujourd'hui, a dû laisser derrière elle son pays, le Bangladesh, sa famille et son métier de gynécologue pour échapper à une fatwa lancée contre elle par des fondamentalistes musulmans. Sa faute: avoir osé s'élever contre l'oppression des femmes.
Vous êtes venue à Paris pour défendre les droits des femmes dans le cadre de la Semaine mondiale de l'éducation. Mais votre première cible reste la religion...
Toutes les religions, sans exception, sont fondamentalement anti-femmes. Elles vont à l'encontre de la liberté et des droits des femmes, qu'elles oppriment, au même titre que la tradition, la culture, les coutumes et le système patriarcal. Je m'en prends particulièrement à l'islam parce qu'il s'oppose à la démocratie, aux droits de l'homme et à l'émancipation des femmes. Dans les pays musulmans, la situation est pire qu'ailleurs, faute de séparation claire de la religion et de l'Etat. La loi y est fondée sur la religion, ce qui est la source de tous les maux des femmes.
Pourtant, n'assiste-t-on pas à un retour en force des religions, aux Etats-Unis comme au Moyen-Orient?
Il est extrêmement alarmant de constater que certains Etats américains s'opposent à l'enseignement de la théorie de l'évolution et promeuvent le créationnisme . C'est un dangereux retour en arrière! Là comme ailleurs, la religion est un outil et une arme entre les mains des dirigeants pour maintenir le peuple dans l'ignorance. Quant au fondamentalisme contre lequel les Etats-Unis sont en guerre, il ne faut pas oublier que ce sont eux qui l'ont engendré et encouragé dans leur propre intérêt, à l'époque de la guerre froide! Maintenant que l'Union soviétique est morte, ils essaient de combattre l'islamisme et d'imposer la démocratie et les droits de l'homme à coups de bombes. Ils font fausse route. C'est le contraire qui se produit: des musulmans modérés versent dans l'extrémisme. Pour progresser, la démocratie et les droits de l'homme doivent s'appuyer sur des mouvements laïques internes aux pays musulmans.
L'émancipation des femmes est-elle possible dans le cadre d'un Etat islamique?
Non, je ne le pense pas, contrairement à Shirin Ebadi [avocate iranienne, Prix Nobel de la paix 2003]. Le Coran dit clairement que les hommes sont supérieurs et les femmes inférieures. On ne peut pas donner une interprétation positive de pareilles affirmations! Pour être libres, les musulmanes n'ont d'autre choix que de s'affranchir de la religion et du système patriarcal. Une société fondée sur l'égalité et la justice passe par la séparation claire de la religion et de l'Etat. L'éducation, l'Etat et le système politique doivent être laïques. La religion est une affaire de croyance individuelle et de liberté personnelle.
Source : lexpress.fr
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Il y a 11 ans
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