LE MONDE
GENÈVE CORRESPONDANCE
Après le tollé provoqué, lundi, par les diatribes contre le "gouvernement raciste" d'Israël, du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, au premier jour de l'ouverture à Genève de la conférence de l'ONU sur le racisme (Durban II), c'est dans le but de faire oublier au plus vite cet incident que les participants ont adopté, mardi 21 avril, par consensus, le document final de la conférence. Avec trois jours d'avance puisque la réunion qui doit évaluer les progrès réalisés depuis la conférence mondiale sur le racisme qui s'était tenue en 2001 à Durban, en Afrique du Sud (Durban I) s'achève vendredi 24 avril.
"Que le document ait été adopté par tous les Etats sauf neuf est notre réponse. C'est un succès", a résumé la haute commissaire aux droits de l'homme, Navy Pillay.
Déjà entériné vendredi par le Comité préparatoire, ce texte, fruit de plusieurs mois de négociations, constitue un pied de nez au discours de M. Ahmadinejad. L'adoption anticipée de la déclaratin tombe à point nommé pour convaincre les pays tentés de se joindre à ceux qui boycottent la conférence (dont Israël, les Etats-Unis, l'Allemagne, le Canada), de ne rien en faire.
RAPPEL DU DEVOIR DE MÉMOIRE
Au fil des 143 paragraphes, le document final passe en revue différents aspects du racisme, énumère les progrès accomplis et les efforts à réaliser.
Les points de discorde ont été gommés. La notion de diffamation des religions a disparu, le paragraphe 12 déplorant les cas "d'islamophobie, d'antisémitisme, de christianophobie et d'antiarabisme se manifestant à l'égard de personnes par des stéréotypes désobligeants et une stigmatisation fondés sur leur religion ou conviction".
Toute référence à Israël a été supprimée. Le paragraphe 5 évoque la nécessité de s'attaquer au racisme "dans toutes les régions du monde, y compris toutes celles sous occupation étrangère".
Au premier paragraphe, le texte réaffirme la Déclaration et Programme d'action de Durban (DDPA), laquelle contenait trois paragraphes modérés sur le conflit israélo-palestinien. Le devoir de mémoire de l'Holocauste est rappelé et le "droit à la liberté d'opinion et d'expression" réaffirmé.
A Genève, les diplomates occidentaux ont le sentiment de revenir de loin. Fin février, le projet de document final était un fourre-tout de 60 pages. Cinq paragraphes étaient consacrés à Israël, accusé de racisme et d'apartheid. L'organisation de la Conférence Islamique (OCI) avait proposé une dizaine d'articles autour du blasphème des religions et de l'islamophobie. La question des réparations concernant la traite négrière transatlantique était évoquée.
Le facilitateur russe, Youri Boychenko, réalisait alors l'impossible. Le 17 mars, il proposait un texte épuré de 17 pages. Ce compromis a été rendu possible grâce, notamment, aux Palestiniens et aux Pakistanais. Depuis, certains ont tenté de revenir à l'attaque. La semaine dernière, l'Iran, très isolé, tentait de supprimer le paragraphe sur la Shoah.
Côté occidental, certaines réserves pointent aussi. "On pourrait regretter l'absence du mot égalité s'agissant des femmes", estime François Zimeray, l'ambassadeur de France pour les droits de l'homme. "Mais s'il fallait quitter la scène à chaque fois qu'un texte était insuffisant, s'en serait fini du multilatéralisme et de l'Organisatio des Nations unies", ajoute-il.
Agathe Duparc
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Il y a 11 ans
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