mercredi 12 août 2009

Selon le Coran, les femmes doivent être frappées, battues ou corrigées, c'est au choix

S'il est un verset du Coran qui mérite d'être connu, c'est celui de la sourate des femmes où le divin texte exhorte le mari à frapper sa femme. Frapper sa femme, à moins qu'il ne s'agisse de la battre ou, dans la traduction plus pudique de Jacques Berque, de la corriger. Quant à celle de Si Hamza Boubakeur, sévir contre elles suffit, sans en préciser le moyen. Les nuances entre les traductions sont minimes et s'accordent toutes dans la légitimation du châtiment corporel de l'épouse. Texte barbare écrit à une époque où les musulmans se signalaient essentiellement par leur habileté à porter les armes, le Coran sert la domination masculine en alimentant la fable d'une infériorité féminine décidée définitivement lors du péché originel, une tare communément admise, et requise, par les trois monothéismes pour leur propre survie.

Quand leur sont présentés les versets les plus haineux du "saint livre", les croyants rétorquent systématiquement et avec suffisance, fort de s'imaginer les seuls instruits en pseudo-sciences islamiques, que la traduction est mauvaise, que l'infidèle n'a pas compris, que le propos coranique est déformé et autres fariboles qui ne font que refuser, et la précipitent par la même occasion, l'évolution lente, mais inéluctable, de la société vers moins d'emprise du religieux, de son autoritarisme et de ses superstitions.

Afin de couper court à cette argumentation simpliste ("le texte n'est pas mauvais, c'est ta lecture infidèle qui l'est"), neuf traductions de ce verset de la sourate 4 ont été examinées. Comme la numérotation peut varier, le verset apparaît au numéro 34 dans la plupart des éditions alors qu'il est noté au numéro 38 dans celle de Kasimirski et que Blachère indique les deux correspondances 38/34.

Et le résultat est à couper le souffle : selon la traduction, le sort réservé aux femmes par la grandeur spirituelle de l'islam est d'être battues, frappées ou corrigées. Sachant que, d'après les légendes musulmanes, le Coran est incréé (pas d'auteur humain ni de date ou de lieu de confection ce qui résout astucieusement les nombreux écueils propres à l'élaboration de tout texte historique) et qu'il constitue la copie parfaite du "Livre conservé au ciel", la simple existence de ce verset brutal et misogyne suffit à rejeter l'ensemble du livre. Et l'islamophobie devient alors une attitude saine et naturelle.

Les traductions du verset 34/38 de la sourate 4 :

Mouhammad Hamidullah

"34. Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l'absence de leurs époux, avec la protection d'Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand !"

Jacques Berque, Albin Michel, 1995

"34. Les hommes assument les femmes à raison de ce dont Dieu les avantage sur elles et de ce dont ils font dépense sur leurs propres biens. Réciproquement, les bonnes épouses sont dévotieuses et gardent dans l'absence ce que Dieu sauvegarde. Celles de qui vous craignez l'insoumission, faites-leur la morale, désertez leur couche, corrigez-les. Mais une fois ramenées à l'obéissance, ne leur cherchez pas prétexte. Dieu est Auguste et Grand."

Kasimirski, GF-Flammarion, 1970

"38. Les hommes sont supérieurs aux femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au-dessus de celles-ci, et parce que les hommes emploient leurs biens pour doter les femmes. Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises ; elles conservent soigneusement pendant l'absence de leurs maris ce que Dieu a ordonné de conserver intact. Vous réprimanderez celles dont vous avez à craindre l'inobéissance; vous les relèguerez dans des lits à part, vous les battrez ; mais aussitôt qu'elles vous obéissent, ne leur cherchez point querelle. Dieu est élevé et grand."

André Chouraqui

"34. Les hommes ont autorité sur les femmes, du fait qu’Allah fait grâce à certains plus qu’à d’autres, et du fait qu’ils dépensent leurs biens. Les vertueuses adorent, et gardent le mystère de ce qu’Allah garde. Admonestez celles dont vous craignez la rébellion, reléguez-les dans des dortoirs, battez-les. Si elles vous obéissent, ne cherchez pas contre elles de querelle. Voici, Allah, le Sublime, le Grand."

Si Hamza Boubakeur, ancien recteur de l'Institut musulman de la mosquée de Paris, Maisonneuve et Larose, 1995

"34. Les hommes ont autorité sur les femmes en raison [des qualités] par lesquelles Dieu vous a élevés les uns au-dessus des autres et en raison des dépenses qu'ils prélèvent sur leurs biens [au profit de leurs femmes]. Les [femmes] vertueuses sont sobres et maintiennent intact en l'absence de leur mari ce que Dieu a prescrit de conserver [ainsi]. Exhortez celles dont vous redoutez l'insubordination. Reléguez-les dans des lits à part et sévissez contre elles. Si elles vous obéissent, ne leur cherchez plus querelle. En vérité Dieu est très haut et très grand."

C'est fort judicieusement, mais aussi plus sûrement pour mieux convaincre de sa candeur, que Si Hamza Boubakeur note dans son commentaire du verset 34 que le judaïsme et le christianisme enseignent eux aussi la supériorité de l'homme sur la femme, sans toutefois aller jusqu'aux coups. Mais on ne pourra qu'esquisser un sourire de compassion envers le père de Dalil Boubakeur lorsqu'il en appelle à la Tradition pour expliquer que l'islam, contrairement à ce que professe le Coran, déconseillerait en fait de battre les femmes...

Régis Blachère, Maisonneuve et Larose, 1999

"38/34. Les hommes ont autorité sur les femmes du fait qu'Allah a préféré certains d'entre vous à certains autres, et du fait que [les hommes] font dépense, sur leurs biens [, en faveur de leurs femmes]. Les [femmes] vertueuses font oraison (qânit) et protègent ce qui doit l'être (?), du fait de ce qu'Allah consigne (?). Celles dont vous craignez l'indocilité, admonestez-les ! reléguez-les dans les lieux où elles couchent ! frappez-les ! Si elles vous obéissent, ne cherchez plus contre elles de voie [de contrainte] ! Allah est auguste et grand."

Jean Grosjean, Éditions Philippe Lebeau, 1988

"34. Les hommes ont autorité sur les femmes à cause des préférences de Dieu et à cause des dépenses des hommes. Les vertueuses sont dociles, elles protègent ce qui doit l'être selon la consigne de Dieu. Celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, reléguez-les dans leur chambre, frappez-les, mais si elles vous écoutent ne les querellez plus, car Dieu est sublime et grand."

René R. Khawam, Maisonneuve et Larose, 1990

"34. Les hommes ont le pas sur leurs femmes, à cause de la préférence que Dieu a manifestée pour les uns sur les autres, à cause de ce que dépensent les hommes pour la subsistance des femmes. Les femmes Justes sont assidues aux offices de prières, gardant au sujet de l'Invisible le secret que Dieu a gardé. Celles dont vous craignez la rébellion, exhortez-les, reléguez-les dans les chambres où elles couchent, frappez-les. Si elles vous obéissent, ne cherchez contre elles aucune voie de coercition. Dieu s'est montré Elevé et Grand."


D. Masson, Gallimard, 1967 :

"34. Les hommes ont autorité sur les femmes, en vertu de la préférence que Dieu leur a accordé sur elles, et à cause des dépenses qu'il font pour assurer leur entretien. Les femmes vertueuses sont pieuses : elles préservent dans le secret ce que Dieu préserve. Admonestez celles dont vous craignez l'infidélité ; reléguez-les dans des chambres à part et frappez-les. Mais ne leur cherchez plus querelle, si elles vous obéissent. Dieu est élevé et grand."

D. Masson est en fait Denise Masson mais, pudeur émouvante de l'islam, nulle part le prénom, et donc le sexe, de la traductrice n'est mentionné dans la traduction éditée chez Gallimard en 1967 dans la collection La Pléiade. Ni la préface de Jean Grosjean, dont le prénom n'est pas occulté, ni l'introduction, les notes et la bibliographie de "D." Masson ne comportent le prénom de la traductrice. Ce travail ayant reçu l'imprimatur de l'Université d'Al Azhar au Caire, avouer qu'une femme ait pu exceller dans l'art de la traduction du Coran était insupportable aux fanatiques.

Source : atheisme.org

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