samedi 17 avril 2010

L'interdiction de la burqa en Europe scandalise des Afghanes

Fervente promotrice des droits des femmes, la députée afghane Shinkai Karokhail estime qu'il est aussi scandaleux de vouloir interdire la burqa que d'obliger les femmes à la porter.

A l'image de nombreuses Afghanes, la parlementaire considère que les efforts déployés en Europe, notamment en France, pour interdire voiles et burqas restreignent le choix des musulmanes dans des pays qui, jusque-là, étaient en première ligne pour défendre les droits des personnes.


"Il ne faut pas que les pays démocratiques deviennent des dictatures et les musulmanes ne doivent pas être privées des options qui s'offrent à elles. Elles doivent pouvoir choisir", déclare Shinkai Karokhail.

"Sinon, quelle est la différence entre obliger une femme à porter une burqa et la contraindre à ne pas en porter? C'est de la discrimination."

La France, qui regroupe la plus grande communauté musulmane d'Europe, l'Italie et la Belgique envisagent d'interdire le voile intégral, ou burqa, et les voiles appelés niqab, perçus pas une grande majorité d'occidentaux comme un assujettissement de la femme.

En France, les députés de la majorité comme de l'opposition estiment que la burqa va à l'encontre du principe de laïcité mais le Conseil d'Etat a jugé fin mars qu'une interdiction totale de la burqa présenterait de "sérieux risques" constitutionnels" et "ne pourrait trouver aucun fondement juridique incontestable".

En Afghanistan, le port de la burqa était obligatoire sous le régime des taliban renversé fin 2001 par l'armée américaine. Ce type de voile reste néanmoins largement porté, en particulier dans les zones rurales et dans le Sud.

PUNIR LES HOMMES

Si Shukriyami Ahmadi, fonctionnaire de 35 ans, ne porte plus la burqa, elle n'a que mépris pour les gouvernements occidentaux qui tentent de l'interdire. "Cela montre qu'ils utilisent la démocratie, la liberté de religion et la question des droits de l'homme seulement lorsque cela leur convient", dit-elle.

Selon elle, une législation sur la burqa pourrait faire le jeu des taliban qui bénéficieraient du soutien de musulmans offensés et recruteraient plus facilement.

Farida, 20 ans, étudiante à l'université, estime qu'en souhaitant interdire la burqa, l'Occident fait deux poids deux mesures. "Je n'ai jamais porté la burqa et je ne l'aime pas", confie-t-elle. "Mais pourquoi l'Occident, qui se présente comme un partisan de la démocratie, prend-il une telle décision? Ça me rend perplexe et triste", ajoute-t-elle.

Même l'une des femmes les plus controversées du pays, l'ancienne députée Malalai Joya, s'oppose farouchement à l'interdiction de la burqa et du niqab.

Elle n'aime pas les burqas mais en porte pour se protéger des chefs de guerre qu'elle a critiqués par le passé.

"Autant je suis contre l'idée d'imposer le niqab à une femme, autant je suis opposée à l'idée d'une interdiction totale. Cela relève d'une décision personnelle et ça devrait être aux femmes de décider si elles préfèrent en porter ou non", a-t-elle écrit à Reuters dans un courriel.

"Cela va à l'encontre des principes de base de la démocratie d'empêcher un individu de porter les vêtements de son choix. Ces gouvernements devraient plutôt punir les hommes qui obligent les femmes à porter le niqab. Si une femme le porte de son plein gré, il ne devrait pas y avoir d'interdiction."

source: http://fr.reuters.com/

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