vendredi 27 novembre 2009

La religion crucifiée par «Christ»ian Lapointe


La vedette montante du théâtre québécois, Christian Lapointe, s'amène avec son équipe au Studio du CNA la semaine prochaine pour un maelstrom théâtral où la religion se fait quelque peu malmener…


Lapointe s'est inspiré d'une de ses idoles, l'auteur irlandais décoré du Prix Nobel Williams Yeats, pour ce spectacle multimédia et multi-rythmes où le Nô japonais (qui fascinait Yeats) et le dévergondage planétaire valsent devant les yeux d'un public participatif. Où la musique de la cornemuse anglaise s'entrelace avec les bourdonnements d'un luth arabe.

Limbes est divisé en trois parties distinctes, du purgatoire à l'apocalypse, trois étapes graduelles menant au paroxysme d'une œuvre dérangeante et colorée. La symbiose de l'influence de Yeats, aussi non-croyant et non-pratiquant que Christian Lapointe, qui s'est permis un regard très universel sur ce que le metteur en scène appelle «le plus grand meurtrier de l'histoire»: Dieu. «Je trouve qu'il y a comme une perversion de la foi au profit de tous les autres moteurs de notre société contemporaine, comme la guerre et l'économie. C'est très dévastateur. Et entre la foi et l'Église, il y a toute une nuance, car quand on regarde les frasques de l'Église dans les 1500 dernières années, c'est pas chic!», ironise-t-il.

Le premier tiers de la production (1h10) est ainsi la relecture des trois fables sur le christianisme de Yeats par Christian Lapointe. Masques, Nô japonais, instruments de musique, ambiance carrée et perlée, avant la déferlante en deuxième partie (aussi 1h10). «On fait vraiment le théâtre de Yeats le mieux possible et ensuite, on brise ce qu'on a fait. C'est le retour du Christ sur la Terre, le second avènement, qui marquera le début de l'apocalypse. Il y a un humour incisif dans cette deuxième version, qui fait beaucoup de bien, car la première partie est très précise, symbolique, très "clean" et "slick", alors que la deuxième forme est très crottée et se moque un peu de la première en entrant dans des zones très performantes. Un humour parfois grinçant par rapport aux réalités contemporaines», ajoute Christian Lapointe, qui sera sur scène avec six autres interprètes et comédiens. Et il n'est pas impossible que ces derniers s'adressent directement au public, en bons prédicateurs de la fonte des glaciers qu'ils sont…

Enfin, une troisième tranche de 25 minutes enverra un récapitulatif au nez du public. C'est en fait une juxtaposition des fables en vidéo alors que la salle est plongée dans les limbes (espace où les âmes justes attendent la venue du Christ). «C'est un voyage dans les nombreuses formes théâtrales et oui, le texte de Yeats a de la matière. Mais on dirait aujourd'hui que les gens ont oublié qu'aller au théâtre, c'est d'écouter de longs textes!», tranche le créateur.

Christian Lapointe espère que cet éclat scénique permettra aux gens de réfléchir fortement. «Je crois que le but du théâtre est de dépeindre le monde dans lequel on vit. Et je n'ai pas besoin de choquer, car notre monde l'est assez comme ça. Je regarde la pub, je suis choqué, j'ouvre la télé, je suis choqué. J'essaie de resensibiliser le monde à l'horreur, celui qui ne nous coupe plus l'appétit; ce n'est pas normal que je puisse prendre mon café tranquille en lisant mon journal dans lequel je lis qu'un père prostitue sa fille de six ans et met ensuite les images sur internet!»

source: info07.com

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