Rome Correspondant - Au terme de son parcours terrestre, le corps de Benoît XVI sera enseveli dans son intégralité à Saint-Pierre de Rome, sauf disposition testamentaire particulière. Ardent partisan du don d'organes, et inscrit sur une liste de donateurs lorsqu'il n'était que cardinal, le souverain pontife a dû renoncer à ce qu'il avait défini lui-même, en novembre 2008, comme "une forme particulière du témoignage de la charité".
Mais si charité bien ordonnée commence par soi-même, il n'en va pas ainsi pour le chef de l'Eglise catholique. Radio Vatican a annoncé, jeudi 3 février, que Benoît XVI ne pouvait plus être considéré comme un éventuel donneur d'organes. En raison de son âge, 84 ans le 17 avril ? Non, mais à cause de sa fonction.
"Le corps d'un pape appartient à toute l'Eglise universelle, a expliqué, vendredi 4 février, au quotidien La Repubblica l'archevêque polonais Zygmunt Zimowski, ministre de la santé du Vatican. Il est compréhensible que la dépouille papale soit intégralement conservée, y compris en vue de possibles vénérations." Bref, la future dépouille du souverain pontife est déjà considérée comme une source de reliques (du latin, reliquiae : restes).
Le cadavre pestilentiel de Pie XII
Il existe trois "classes" de reliques. La première classe est constituée d'objets directement associés à la vie terrestre du Christ (Mangeoire, Croix) ou bien de restes physiques d'un saint. Dans la deuxième, on trouve les objets utilisés par un saint. La troisième, enfin, est composée d'objets qui ont été en contact avec des reliques des deux premières classes.
Mais concernant Benoît XVI, nous n'en sommes pas encore là. Pour prélever une relique de sa dépouille, il faudra qu'il soit auparavant béatifié, ce qui arrivera à son prédécesseur Jean-Paul II, le 1er mai. Auparavant son cercueil sera ouvert, afin d'inspecter le cadavre et d'en prélever un ou quelques morceaux à des fins de vénération.
"Traditionnellement, explique le vaticaniste Bruno Bartoloni, les corps des papes étaient embaumés. Toutefois, les organes internes - en italien precori, "avant le coeur" - étaient retirés, mis dans des fioles et conservés dans la petite église Saint-Athanase, à Rome. A la mort de Pie XII, en 1958, son médecin prétendit avoir trouvé une solution permettant d'embaumer la totalité du corps, viscères compris. Malheureusement, le cadavre exposé au public devint rapidement vert. Les gardes chargés de le surveiller tombaient comme des mouches sous l'effet de la puanteur."
Jean XXIII, successeur de Pie XII, décida de mettre un terme à cette pratique. Désormais, les corps des papes sont ensevelis sans manipulation, hormis quelques piqûres de conservation. En 1978, le Vatican refusa même de faire autopsier le cadavre de Jean-Paul Ier dont le règne météorique (trente-trois jours et six heures) reste un mystère.
source: lemonde.fr