LePost
Zeina* est une jeune femme musulmane qui a porté le voile intégral sous la contrainte de son mari. "Sous le prétexte de l'Islam, il l'a battu, humiliée et soumise", raconte Djénane Kareh Tager, la journaliste qui a recueilli le témoignage de la jeune femme.
Zeina vit aujourd'hui libre, même si elle préfère garder l'anonymat. La jeune femme a réussi s'enfuir de chez elle. Elle raconte son histoire dans un livre, Sous mon niqab (Editions Plon).
Au départ, rien ne laissait présager un tel calvaire pour la jeune femme: Zeina fait un "mariage d'amour, avec le prince charmant".
Mais très vite, il va la contraindre à se voiler. Elle est obligée de quitter son travail et elle ne fait plus les courses. Seule la sortie de l'école lui est autorisée.
Et puis, il y aura de nombreuses violences.
C'est presque par hasard que Zeina va s'en sortir. Un jour sa voisine va la croiser le visage découvert. "J'avais un oeil au beurre noir qui était pratiquement fermé, j'avais une blessure sur la joue droite qui n'était pas encore sèche", explique Zeina. Sa voisine lui alors donné le nom d'une association, où elle s'est rendue.
Aujourd'hui, Zeina a porté plainte contre son mari, elle a demandé le divorce et elle a retiré son niqab.
"C'était super bizarre, je sentais enfin la chaleur sur mon visage, c'était apaisant et agréable, mais j'en ai pas de suite profité", raconte la jeune femme.
Sur Le Post, Djénane Kareh Tager, la journaliste qui a écrit l'histoire de Zeina, grâce à des entretiens, raconte explique comment Zeina en est arrivée là.
Comment avez-vous rencontré Zeina?
"C'était au moment du débat autour de la mission parlementaire sur la burqa. Je cherchais un témoignage pour un quotidien. Grâce à mes contacts, je suis tombé sur Zeina. Ça n'a pas été facile de rentrer en contact avec elle. Je lui ai envoyé 150 SMS dans un week-end et je crois qu'elle a eu pitié de moi, elle m'a répondu. Par la suite, un éditeur nous a proposé, qui avait lu son témoignage, nous a proposé d'en faire un livre.
En plein débat sur la burqa, votre livre ne risque-t-il pas d'alimenter la polémique?
"Avant de faire ce livre, j'étais moi-même favorable à une loi interdisant la burqa. Zeina était contre et elle m'a convaincue. Si on l'interdit, les femmes qui portent la burqa seront punis deux fois. Par la loi et par leur mari. Elles ne pourront plus sortir. Et Zeina m'a expliqué combien la sortie pour aller chercher son enfant à l'école était fondamentale. C'était sa bouffée d'oxygène".
Ne pensez-vous pas qu'un tel livre nuise à l'image de l'Islam?
"Elle avait peur que ça alimente un anti-islamisme. Ce n'est pas du tout sa démarche. Elle a fait un livre pour défendre l'Islam. Et ce qu'elle voulait, c'est éveiller ce qu'elle appelle les 'voisines'. Toutes ces femmes qui cotoient des femmes qui portent la burqa, il faut les éveiller, leur dire qu'il faut leur parler. C'est ce qu'a fait la voisine de Zeina en lui parlant de violences conjugales et de droits fondamentaux."
Comment expliquez-vous qu'elle ait subi autant de violences en se taisant?
"Elle était persuadée d'avoir fait une faute, que son mari la mettait sur le droit chemin. Elle a accepté ces douleurs physiques et ces humiliations car elle ne savait pas que c'était condamné dans notre pays. C'est ce qui est grave. Zeina a été à l'école en France, l'école républicaine. Et pourtant, elle ignorait ses droits fondamentaux, elle ne savaient pas que les violences conjugales sont punies par la loi... Elle se disait que c'était pour son bien, que ça lui permettrait de ne pas aller en enfer, ce que son mari lui racontait. Ça, ce n'est pas l'Islam, c'est de l'islamisme."
Zeina reste malgré tout croyante?
"Zeina est profondément croyante, elle est musulmane. Actuellement, elle apprend sa religion, pas ce qu'on lui a fait croire jusque là. Son livre n'était pas contre l'Islam mais contre les extrémismes. Contre ceux qui prennent le prétexte d'une religion pour restreindre les libertés et prétendre détenir 'la' vérité."
Comment va Zeina aujourd'hui?
"Elle se reconstruit. Elle y arrive malgré les menaces et la peur qui continuent à l'accompagner. Elle a un travail, un appartement. Elle essaie de vivre normalement."