Même à Montréal, l'église de scientologie dénombre des détracteurs. En février, des manifestants ont fait savoir qu'ils s'y opposaient.
Photo: Laetitia Deconinck
Photo: Laetitia Deconinck
La très controversée Eglise de Scientologie, considérée en France comme une secte, est de nouveau jugée à partir de lundi à Paris, afin d'y répondre d'escroquerie mais, cette fois, ses structures françaises pourraient bel et bien être dissoutes.
Accusée de pratiquer une «déstabilisation mentale» sous couvert d'accession au bonheur, l'Eglise de Scientologie a eu de nombreux démêlés avec la justice en France, où elle compte des milliers d'adeptes. En 1995, la première association française de Scientologie avait été liquidée pour n'avoir pas payé ses impôts au fisc, qui lui refusait le statut d'Eglise. En 2003, la cour d'appel de Paris avait cependant relaxé l'association du chef d'escroquerie, ne la condamnant que pour une histoire de fichiers informatiques. Mais pour ce second procès en tant que personne morale, elle risque la dissolution, au regard du Code pénal.
Outre l'Association spirituelle de Scientologie (ASES-CC - Celebrity Centre) et sa librairie parisienne, le juge Jean-Christophe Hullin a renvoyé en correctionnelle sept scientologues, dont Alain Rosenberg, directeur général de ce centre.
Ils sont poursuivis pour «escroquerie en bande organisée» et/ou «exercice illégal de la pharmacie», l'association ayant distribué à ses adhérents des vitamines et des traitements relevant du monopole pharmaceutique.
La Scientologie vise pourtant la relaxe. «Nous allons discuter pied à pied afin de démontrer qu'il n'y a pas eu de manipulation mentale», explique son avocat, Me Patrick Maisonneuve.
En 1997, plusieurs de ses membres avaient déjà été condamnés pour escroquerie et homicide involontaire, après le suicide d'un adepte, puis à nouveau en 1999 pour escroquerie.
L'affaire, qui sera jugée jusqu'au 10 juin, a débuté par une nouvelle plainte pour escroquerie, fin 1998. Abordée par des scientologues pour un test de personnalité gratuit, une femme avait fini par dépenser 20.000 euros pour des cours «de communication et de réparation de vie», l'achat de livres, de médicaments et d'un «électromètre», un appareil électrique censé mesurer la «charge mentale» présente chez les patients.
Une autre plaignante affirme avoir été contrainte par son employeur scientologue à passer un test de personnalité, puis à suivre des cours. Elle a fini par être licenciée.
Dans son ordonnance, le magistrat français stigmatise le «harcèlement» et les «pressions» qu'ont subis les victimes, toutes choisies pour leur vulnérabilité.
À ses yeux, le centre de Scientologie, sous couvert «d'identifier et de résoudre (les) difficultés psychologiques prétendues ou de favoriser l'épanouissement personnel» des plaignants a eu «pour seul but de capter leur fortune» en «exerçant une emprise psychologique» sur eux.
Fondée aux États-Unis en 1954 par Ron Hubbard (1911-1986), un auteur de science-fiction, la Scientologie revendique «des millions de membres et 6.000 églises» dans 159 pays.
Considérée comme une religion aux États-Unis depuis 1973, elle fonde son action sur la «dianétique», une «science de la santé mentale» selon Hubbard, qui permettrait d'accéder au bonheur en se purifiant des éléments mentaux négatifs.
Elle rencontre les mêmes difficultés en Allemagne mais a cependant réussi à se voir reconnaître le statut d'association religieuse dans nombre de pays, dont le Japon et le Canada.
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