François Bayrou s’entretient avec LesDemocrates.fr, 5 mai 2009 (extraits)
Le pouvoir abuse de tous les pouvoirs, sur trois chapitres principaux. Le premier, c’est la démocratie, avec la plus incroyable concentration des pouvoirs qu’il y ait jamais eu sous la cinquième République, avec un parlement maltraité à chaque instant, avec un gouvernement effacé. Personne ne se souvient plus qu’il y a des ministres, ni même un chef du gouvernement, un Premier ministre en France. On ne les entend pas, on ne les voit pas, et même leur travail n’est pas pris en considération. (...)
Selon moi, même la fonction présidentielle est mise en cause, parce que faire de la fonction présidentielle une fonction partisane, que le président participe au congrès ou réunisse les bureaux de son parti, c’est un manquement grave, parce que le pays a besoin d’un lieu de recours, d’un lieu où tout le monde puisse se retrouver, majorité et opposition, et cette fonction, en France, c’est celle de président de la République.
Les médias sont pris dans un réseau très serré et très lourd de concentration - capitaliste en tout cas. La justice est menacée d’être prise en main par le pouvoir, puisque la suppression du juge d’instruction cela voudra dire - cela voudrait dire, si cela intervient - qu’il n’y a plus d’enquêtes libres, que l’enquête est mise sous l’autorité du pouvoir direct, hiérarchique.
La Grande Interview #1 > P1 : "Abus de Pouvoir"
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Deuxième abus de pouvoir, pour moi, il est plus profond encore, c’est que (...) l’action du gouvernement, les choix du pouvoir actuel, c’est de donner à la France un modèle de société qui est le contraire du sien. (...)
Dans la globalisation, il y a deux projets de société qui sont en confrontation. Le premier projet de société, [c’est celui] que j’ai appelé durant ma campagne le modèle américain. C’est une manière rapide de parler parce que les américains ne sont pour rien dans tout ça : ils le subissent. Le modèle américain, c’est un modèle profondément inégalitaire. Et nous, français, [et les ] européens, un peu, mais spécialement, nous, français, nous avions construit un modèle solidaire.
Ces deux modèles, c’est une confrontation historique formidable, quand on la regarde à l’échelle du temps. Depuis cent cinquante ans, à peu près, l’occident tout entier (...) a vécu avec une idée dominante, organisatrice. Cette idée c’était que le progrès allait peu à peu réduire les inégalités. Et ça s’est passé comme cela. Tout le monde pensait cela, différemment, parce que les uns pensaient que c’était le marché qui allait réduire les inégalités, les autres pensaient que c’est l’Etat qui allait réduire les inégalités, les troisièmes pensaient que c’était la démocratie qui allait réduire les inégalités, même à Moscou, on pensait qu’on allait réduire les inégalités par la dictature du prolétariat. Tout l’occident pensait que la fonction du progrès c’était de réduire les inégalités.
Tout d’un coup il y a eu un basculement. En politique c’était la période Thatcher-Reagan, mais cela a été préparé en philosophie avant par des gens extrêmement brillants, des Hayek, des Friedman, des gens comme ça, qui ont renversé cette proposition. Ils on dit : le temps n’est plus que le progrès réduise les inégalités, le temps est que les inégalités dynamisent le progrès. Au lieu de considérer les inégalités comme quelque chose qu’il fallait réduire, ils ont dit : les inégalités il faut non seulement les accepter, mais probablement même les rechercher.
Si vous ne considérez que l’économie, la production, la consommation, vous voyez bien que cela crée des déséquilibres dans la société et que ces déséquilibres font bouger les choses. C ’est ce que j’appelle le modèle inégalitaire, que j’ai appelé ailleurs le modèle des inégalités croissantes. Cela n’a pas raté, parce que les inégalités aux Etats-Unis ont réellement cru de manière extraordinairement sensible et chez nous il suffit de regarder à l’intérieur des entreprises les différences de revenu entre le sommet et la base : croissance des inégalités.
Or ce modèle là, la France l’a toujours refusé. La France, tout au long de son histoire, s’est battue non pas pour l’inégalité, mais pour l’égalité. On en a même fait le coeur de la devise. Liberté, Egalité, Fraternité. (...)
Troisième abus de pouvoir, plus difficile à évoquer parce que nous n’en voyons que la partie émergée de l’iceberg, c’est que ce régime met progressivement en place un réseau - des réseaux - sur la société française, qui unissent des intérêts financiers, des intérêts médiatiques, des intérêts industriels, des intérêts politiques. La caractéristique de ces réseaux, c’est qu’ils ne disparaissent pas avec l’alternance. (...)
Le Fouquet’s c’était (...) la scène primitive du sarkozysme, qui n’était pas élu depuis trois minutes que se réunissaient, dans le lieu de la richesse démonstrative, les vrais vainqueurs. La plus grosse fortune de France, la plus grosse fortune de Belgique, la plus grosse fortune du Québec, des milliardaires comme s’il en pleuvait, des médias amicaux comme s’il en pleuvait. C’était les vrais vainqueurs. Pendant ce temps, les pauvres bougres place de la Concorde, ils attendaient, ils se battaient les flancs.
C’était une image intéressante de la suite. Qu’est-ce que cette image veut dire ? Que selon moi, Nicolas Sarkozy a une espèce de religion de la puissance. Je crois que cela correspond à quelque chose de profond. Il aime les puissants, les riches, les célèbres, le show-biz, tout ces gens qui partagent des genres de vie dont on peut penser ce que l’on veut, mais dont on sait que ce ne sont pas ceux des citoyens moyens. (...)
Je lis dans les journaux que j’ai fait un pamphlet. Il n’y a pas un mot de pamphlet dans ce livre. Il y a un jugement, il y a des scènes que je raconte comme je les vois, (...) mais probablement, je ne sais que le dixième, notamment de ce troisième enjeu. Le pire c’est qu’ils trouvent cela normal tous. Ce sont d’incroyables garanties sur le futur, cela veut dire que l’on est assuré pour des décennies de conserver et d’accroître les avantages et les privilèges dont-il s’agit. (...)
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