Le dalaï lama, chef spirituel en exil des Tibétains, a évoqué dimanche à Paris une "orchestration" par la Chine des émeutes de mars 2008 au Tibet et une campagne pour le discréditer, peu avant de recevoir le titre de "citoyen d'honneur" de la ville de Paris.
"On a eu des témoignages selon lesquels trois camions de Tibétains qui étaient inconnus ont été amenés le 14 (mars) au matin. On soupçonne une orchestration", a affirmé le Prix nobel de la Paix à quelques journalistes.
"Les Chinois ont dit que tout avait commencé le 14 mars au matin et en fait on sait très bien que ça a commencé le 10 après-midi mais que la police et l'armée ne sont pas intervenues", a-t-il ajouté en tibétain traduit par son interprète officiel en France Matthieu Ricard.
De même, en février 2006, lors d'une rencontre entre des envoyés du dalai lama et des officiels chinois, ces derniers "ont reconnu qu'ils acceptaient le fait que le dalai lama ne demandait pas l'indépendance (du Tibet). Mais quelques mois plus tard, il y eu une intensification de la dénonciation du dalaï lama comme étant un séparatiste", a traduit Matthieu Ricard.
Le dalaï lama qui multiplie les rencontres avec les Chinois à l'étranger depuis un an, leur explique, comme il l'a fait samedi à Paris, "qu'il n'a pas confiance dans le gouvernement totalitaire chinois mais qu'il fait confiance au peuple chinois", a expliqué à l'AFP M. Ricard.
"Il veut contrer la propagande de Pékin qui tend à monter les Chinois contre les Tibétains et ramener de bonnes relations entre les deux ethnies", explique Marie Holzman, présidente de l'association Solidarité Chine, proche des dissidents chinois, qui a organisé la rencontre entre le dalai lama et un groupe de Chinois.
La Chine avait accusé le dalaï lama d'avoir fomenté des émeutes anti-chinoises en mars 2008 pour saboter les jeux Olympiques de Pékin, et l'accuse de séparatisme. Lui dément, et affirme qu'il prône seulement une large autonomie culturelle et spiriturelle du Tibet.
Samedi, le dalaï lama avait dénoncé, à son arrivée à Paris, la "condamnation à mort" dont est victime la "nation tibétaine", en raison de la "politique dure" de Pékin.
Dimanche après-midi, il devait donner une conférence de deux heures sur le thème de "l'Ethique laïque" au Palais-Omnisport de Bercy où des milliers de fidèles étaient attendus.
"Mon engagement c'est la promotion des valeurs humaines. Je décris ces valeurs comme +l'éthique laïque+ ce qui signifie le respect de toutes les origines, de toutes les religions", a-t-il expliqué en anglais.
Le dalaï lama devait se rendre ensuite à la mairie de Paris en fin d'après-midi pour recevoir son titre de citoyen d'honneur pour lequel il s'est dit "honoré". Décernée en 2008, la distinction lui sera remise par le maire de Paris Bertrand Delanoë, membre de l'opposition socialiste à Nicolas Sarkozy.
En dépit des foudres de Pékin, qui avait qualifié l'octroi de ce titre d'"ingérence dans les affaires intérieures chinoises", M. Delanoë a maintenu le rendez-vous, affirmant qu'il n'entendait pas renoncer à ses convictions.
Cette visite intervient à un moment délicat des relations entre la France et la Chine qui se remettent à peine de quatre mois de "brouille" consécutifs précisément à une rencontre en décembre en Pologne entre le président Nicolas Sarkozy et le dalaï lama, qui avait ulcéré la Chine. Aucun rendez-vous avec le gouvernement n'est prévu lors de cette visite de deux jours à Paris du chef tibétain.
source: news.fr.msn.com
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