Un film, diffusé dans les écoles de police, enseigne aux gardiens de la paix les bases des grandes religions et montre l'impact du "fait religieux" dans le quotidien des policiers.
Après les enseignants, c'est au tour des futurs gardiens de la paix de se frotter au "fait religieux", comme le veut la formule aujourd'hui consacrée. A partir de cette semaine, un film, intitulé "Police et religions", sera diffusé dans la quinzaine d'écoles de formation de l'Hexagone, afin de faire mesurer aux élèves - près de 1500 jeunes -"l'influence des pratiques religieuses sur l'activité policière". Ce court métrage, d'une durée de 54 minutes (15 minutes par confession, montre en main), vient s'insérer dans un module de trois heures consacré à la présentation des fondamentaux des trois religions monothéistes et des comportements à adopter, côté police, lorsque celles-ci soulèvent des questions d'ordre public.
En réalité, le premier film sur le sujet remonte à 1996. Plus savant, plus didactique, il n'apparaissait plus entièrement adapté à l'époque actuelle, où les croyants des grandes confessions ne craignent plus de s'afficher, où l'islam et le protestantisme évangélique sont en plein essor,et où les questions d'organisation et de gestion des cultes se multiplient ... "Nos élèves ont moins de connaissances sur le sujet qu'il y a dix ans, ajoute Jacques Fournier, directeur de la formation de la police nationale. Certains ne sont jamais rentrés dans une église. Il fallait leur proposer un document pédagogique avec un aspect très pratique, qui les ? accroche'".
"Est-ce qu'il est possible de rentrer avec une arme dans une mosquée?"
Deux apprentis gardiens -une fille et un garçon- mènent donc l'enquête en tenue et sur le terrain. La caméra les suit dans une mosquée, une chapelle et une synagogue, où des représentants connus des trois religions -Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, l'abbé de la Morandais, ou le rabbin Haim Korsia- répondent à leurs questions. Un point taraude tout particulièrement ces policiers en herbe: "Comment mener une intervention" dans un lieu de culte? "Est-ce qu'il est possible de rentrer avec une arme dans une mosquée?", demande le garçon. "Comment doit-on faire pour intervenir dans une église?" Son accolyte féminine renchérit, tout aussi directe: "J'ai entendu parler d'autopsies pas autorisées" en islam, c'est vrai?". Dans leurs réponses, les experts mêlent érudition et franc parler. "Une fois, on a eu un SDF dans la chapelle, raconte l'abbé de la Morandais, qui exerce son ministère dans le 12ème arrondissement de Paris, près de la gare du Nord. On a appelé le commissariat voisin, et ils ont fait çà en douceur. "
Des reportages, extraits des journaux télévisés de France 2, illustrent les thèmes soulevés. Le résultat est plutôt réussi: présenter, en moins d'une heure, l'essentiel de la loi de 1905 sur la laïcité, ainsi que les racines communes des trois monothéismes, leur singularité et leurs rites, tenait du défi. Le tout, avec une volonté évidente d'éviter la polémique. "Nous avons voulu insister sur l'appartenance à la communauté nationale", confirme Jacques Fournier. Les sujets plus délicats, comme les prières sur la voie publique, l'abattage non contractuel des moutons à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd, ou les renforts d'agents devant les synagogues pour parer aux jets de cocktail molotov, sont réservés aux "documents d'accompagnement". Libres aux formateurs avec leurs ouailles durant les deux heures restantes du module.
source: lexpress.fr
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Il y a 10 ans
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